Parole que Jérémie, le prophète, adressa à Baruch, fils de Nériya, lorsque celui-ci écrivit dans un livre ces paroles, sous la dictée de Jérémie, la quatrième année de Joïaqim, fils de Josias, roi de Juda :
Ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, sur toi, Baruch : Tu dis : « Quel malheur pour moi ! Le Seigneur ajoute le tourment à ma douleur ; je me fatigue à force de gémir, et je ne trouve pas le repos ! » C’est ainsi que tu lui parleras : Ainsi parle le Seigneur : Je rase ce que j’ai bâti, je déracine ce que j’ai planté – tout ce pays. Et toi, tu rechercherais de grandes choses ? Ne les recherche pas ! Car je fais venir le malheur sur tous, – déclaration du Seigneur – mais je te donnerai ta vie pour butin, dans tous les lieux où tu iras. (Livre de Jérémie, chapitre 45)
Le temps où vivent le prophète Jérémie et Baruch, son secrétaire, est un temps troublé. Jérémie passe son temps à annoncer la colère de Dieu à un peuple qui refuse de l’entendre. La catastrophe est aux portes, elle arrive, elle est là. Dans un monde aussi troublé, quoi de bien surprenant à ce qu’un homme, Baruch, se lamente ? Quoi de surprenant à ce qu’il en appelle à Dieu pour cesser de l’accabler de tourments ?
Mais quel Dieu invoques-tu, Baruch ? Quel est ce Dieu à qui tu reproches le malheur qui t’accable ? Tu dis « si seulement Dieu cessait de m’accabler, en plus de tous les coups du sort que je subis déjà, alors je pourrais faire tant de choses ! ». Tu dis que ta vie est un enfer et que tu voudrais être libre du malheur. Tu dis que le monde est contre toi et que Dieu s’en fait le complice. Mais quel Dieu invoques-tu, Baruch ? Celui qui t’empêche d’exister ? Celui qui te condamne au chagrin ? Mais ce Dieu-là ne parle pas, Baruch. Ce Dieu que tu te donnes, il n’est que le reflet de toi-même. Celui qui t’enferme, t’épuise et te condamne. C’est le Dieu silencieux de la mort et du désespoir. Et tu y crois à ce Dieu – tu lui abandonnes ton existence tout entière. Mais est-ce bien le Dieu d’Israël, le Dieu qui parle ?
Ecoute, Baruch ! Ecoute le Dieu qui parle. Il te parle d’un monde à l’agonie, d’un monde qui se termine. Il te parle d’un monde qu’il tient dans sa main. Demain, Dieu l’annonce, il détruira ce qu’il a semé. Il arrachera lui-même toutes les mauvaises herbes du champ qu’il a ensemencé. Le monde n’a plus de sens, mais Dieu ne se résout pas à laisser le monde dans le chaos. Il recommencera à nouveau, pour trouver à nouveau une terre fertile où sa Parole ne tombera pas en vain. Ce Dieu-là ne cesse jamais de vouloir parler. Il ne cesse jamais de s’adresser à toi, au milieu des ruines, quand tout semble perdu. Ton désespoir est vivace, mais il n’est pas au cœur de ta vie. Au cœur de ta vie subsiste cette Parole qui s’adresse à toi, et rien qu’à toi. Ecoute, Baruch !
Jérémie traduit en françois |
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