mercredi 16 janvier 2019

Les idoles

Finalement le Seigneur ton Dieu te livrera ces peuples ; une grande panique les saisira et les conduira à leur perte. Il livrera leurs rois en ton pouvoir et tu effaceras jusqu'à leur nom sur la terre ; aucun d'entre eux ne tiendra devant toi, tu finiras par les supprimer tous. Alors vous brûlerez les statutes de leurs dieux. Ne te laisse pas tenter par leur revêtement d'or ou d'argent, ne les prends pas pour toi, car le Seigneur ton Dieu juge cela abominable ; ce butin ferait ton malheur. Qu'aucune idole de ce genre ne soit introduite dans ta maison. Si c'était le cas, tu mériterais d'être détruit avec elle. En effet, de tels objets doivent être complètement détruits, tu dois les détester, les avoir en horreur. (Deutéronome 7,23-26)

Le peuple d'Israël, libéré de l'esclavage, a traversé le désert et se tient à la frontière du pays promis par Dieu. Moïse, qui a reçu les instructions de la part de Dieu sur la suite des événements, rapporte ces paroles au peuple. Il sait déjà que, lui, il n'entrera pas en terre promise, pour une sombre histoire d'ordres qui n'ont pas été suivis par des hommes du peuple sous sa responsabilité. Pour le peuple à qui Moïse transmet les instructions, il s'agit de marcher droit et de ne pas oublier ce qui a permis cette chose extraordinaire, sur le point de se produire : ce peuple en déroute, ces quelques migrants, enfants de migrants qui étaient eux-mêmes les enfants d'esclaves, se voit offrir par Dieu une terre où ils pourront vivre en paix. Hélas, la paix n'est pas pour tout de suite. Il va falloir se battre contre ceux qui sont déjà là, avec l'aide de Dieu certes, mais enfin, c'est la guerre qui va inaugurer l'entrée en terre promise. La guerre et l'ordre de faire disparaître tout ce qui risquerait de pervertir la foi du peuple d'Israël. 
Pourquoi ? A cause de l'orgueil. Parce que dans le confort, dans l'abondance, on oublie la libération qui a permis d'accéder à ce confort et à cette abondance. On finit par croire que si on a tout ça, c'est parce qu'on le méritait bien. Ou parce qu'on l'a gagné. Jésus reprochait aux Pharisiens leur orgueil, eux qui mettaient leur fierté dans leur piété et dans leur apparence, en oubliant qu'à l'intérieur, ils étaient aussi déglingués que les autres, aussi dépendants de la grâce imméritée. Ils s'étaient installés dans le confort de leur certitude d'être dans le vrai par eux-mêmes. 
Le peuple d'Israël court le risque de se confier à Dieu au moment où il en attend tout, pour aussitôt l'oublier lorsqu'il sera installé. Il court le risque d'oublier qu'il est toujours rebelle, dans le besoin comme dans le confort. En ce sens, oui, oublier, c'est disparaître. 
Se souvenir du Dieu libérateur, c'est refuser de se rendre esclave d'autre chose. Inversement et pour la même raison, dans d'autres passages du Deutéronome, se souvenir du Dieu libérateur, c'est aussi refuser de rendre esclaves les plus faibles, les orphelins, les veuves, les immigrés. 
Quelles sont, pour nous, dans le monde qui est le nôtre, ces idoles qui représentent ce qu'il faut refuser ? Que faudrait-il avoir en horreur ? Quel butin pourrait-il faire notre malheur ? Nous aimons les idoles, elles nous rassurent. Mais au fond, elles sont le symbole de notre oubli... 

1 commentaire:

  1. La liste est longue de celles qu'on connaît et qu'on désigne de l'air entendu de celui qui sait.

    Et s'y ajoutent toutes celles qu'on ignore et qu'on adore sans bien s'en rendre compte...

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