La fragilité fait peur. La fragilité fragilise, pas seulement la personne même, mais aussi son entourage. La fragilité met en question nos certitudes sur nous-mêmes, sur le monde, sur l'ordre du monde tel qui va, tel qu'il devrait aller.
La fragilité réveille les craquelures, les failles, les craintes qui sommeillent en nous et qu'une pleine santé, une belle force vitale maintiennent hors de vue. Silence, fragilités ! si vous vous réveillez, c'est la fin de l'illusion.
Se sentir fort, c'est croire être dans la normalité, c'est ne pas imaginer la faiblesse.
La fragilité de l'autre éveille en moi la peur ; la fragilité en moi me rappelle ma propre mortalité.
Un jour, mon souffle sera rendu si fragile qu'il cessera - cette réalité-là est insupportable.
Il faut du courage pour accepter la faiblesse, il faut de la témérité pour supporter de voir souffrir l'autre sans que ça éveille en nous le pire.
Malheureux êtes-vous, vous les forts qui ignorez la faiblesse ! car vous avez à présent votre réconfort. Mais demain ? Mais autrui ?
Ne vous égarez pas, ne refusez pas de voir. Ce n'est pas de l'autre qu'il s'agit seulement. C'est de vous aussi.
Van Gogh, Les Iris (1889) |
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