La loi de la nature, c’est la loi du plus fort. Quand des enfants crient dans la cour de récréation « c’est moi l’plus fort ! », ils mettent en jeu, pour mieux l’apprivoiser, ce penchant naturel de l’être humain, qui est de suivre la loi du plus fort.
Or le règne de Dieu ne suit pas la loi du plus fort. Jésus, pour dire cela, utilise des images qui nous parlent à tous, car tous nous avons été enfants, tous nous avons été confrontés à cette loi du plus fort qui, du plus lointain des âges, accable l’humanité. Jésus prend un enfant dans ses bras et affirme : croire en Dieu, ce n’est pas suivre le plus fort, c’est accueillir un tout-petit. Pourquoi ? Pourquoi dire cela, et qu’est-ce que ça signifie ?
Tout humain naît comme un bébé. Tout humain doit passer par l’enfance pour apprendre l’humanité. Jésus, pour parler de la foi, ne met pas en avant la connaissance parfaite, l’autorité, mais l’apprentissage, l’incomplétude, le perfectionnement progressif et la dépendance envers un autre que soi-même. Un enfant reçoit tout : l’amour, l’éducation, les soins constants, le langage dans lequel il baigne, les liens qui l’unissent aux autres ; ce n’est que peu à peu qu’il conquerra une autonomie sur tous ces plans. Un enfant ne produit rien : il n’est pas là pour être utile, ou productif, ou efficace. Il n’est même pas là pour montrer des capacités hors norme, pour se montrer exceptionnel. Il est là, simplement, pour vivre et grandir. Il n’y a pas de condition à remplir pour être un enfant. Ce qui rend légitime un enfant, ce n’est pas sa conformité à quoi que ce soit.
De même, le croyant n’est pas un être parfait, au sommet de ses compétences, qui aurait acquis par l’ascèse et toute une vie de renoncements la légitimité qui lui donnerait un droit à siéger en place d’autorité : c’est celui qui ne peut pas faire autrement qu’admettre qu’au fond, il ne sait encore rien. Celui qui est bien forcé, à son corps défendant sans doute, d’admettre que c’est ce qu’il reçoit qui le fait vivre, et pas ce qu’il produit.
Le croyant, celui qui est mis en mouvement par la foi, ne se fait aucune illusion sur ses propres capacités à se montrer légitime par lui-même. Il sait que sa légitimité n’est pas dans son efficacité, dans ses forces, mais dans le simple fait d’exister face à Dieu, accueilli par Dieu. Que c’est dans le regard de Dieu, plein du désir de vie pour lui, qu’il peut puiser ses forces.
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