Un petit enfant dispose d'une très mince marge de manoeuvre pour exercer son libre arbitre. L'enjeu est d'importance : pour ne pas perdre l'amour de l'adulte, il lui faut se plier à ce qui est attendu de lui. Il arrive que ça se passe très mal, cette histoire-là, parfois parce que l'adulte ne comprend pas ou profite de sa position pour en abuser. Ce n'est que peu à peu que l'enfant va acquérir l'indépendance nécessaire, la maturité nécessaire, pour oser vivre par lui-même, même au risque de s'éloigner délibérément de ce que l'adulte de son enfance attendait de lui.
Si nous vivons notre relation à Dieu comme nous avons vécu notre relation à l'adulte dans notre enfance, que se passe-t-il ? Nous allons chercher à nous conformer, pour ne surtout pas perdre son amour. Notre usage du libre arbitre sera très limité. Nous vivrons sous la menace permanente de ne pas être conforme à ce qu'il attend de nous, face à une loi un peu floue, un peu incompréhensible, à laquelle pourtant il faudra se plier.
Et puis, il arrive un moment où la maturité de la foi permet de s'affranchir de cette peur. Je crois que c'est de cela que Paul nous parle lorsqu'il dit : "Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant; lorsque je suis devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant" (1 Co 13,11). L'adulte comprend que l'amour de Dieu n'est pas l'objet d'une menace, comme quelque chose qui pourrait nous être retiré pour nous faire marcher droit. L'adulte comprend que son libre arbitre lui fait vivre d'un amour qui ne peut être retiré...
Quel libre-arbitre exerçons-nous ? Celui de l'enfant, ou celui de l'adulte ? Sommes-nous des enfants ou des adultes dans notre foi ?
Saint Augustin par Botticelli |
Et Augustin pour illustrer cela ? C'est un paradoxe !
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