mercredi 24 avril 2019

Pour les gourmets ou les affamés ?

- Mon humaine, tu es mon infini.
- Mon chaton, je sens que je devrais me sentir flattée, mais ça sent le coup fourré.
- Allons, allons, humaine de peu de foi en ton chat ! 
- Mouais, j'en ai vu d'autres en la matière, mon filouchat.
- Ce que je voulais dire, mon humaine, c'est que tu es mon infini parce que quand il n'y a plus de croquettes, c'est toi qui en remet, et donc je n'en manque jamais, jusqu'à l'infini et au-delà.
- Tu es sûr de tes références, chaton ?
- Et toi ?
- Je... Bref. Je comprends, tu me vois comme la pourvoyeuse fidèle de croquettes, lesquelles te garantissent de survivre, sinon de vivre. Il y a une leçon à en tirer ?
- Je te tendais la perche, mon humaine.
- Je te reconnais bien là, mon chaton. Alors si c'est moi qui m'y colle : ça m'évoque en effet une question importante qui se pose à la théologie aujourd'hui. Faut-il la voir comme l'outil qui permet de rendre plus compréhensible et plus crédible pour les athées comblés de tout cette "bonne nouvelle" à laquelle nous croyons ? ou comme l'outil qui force l'Eglise à se confronter sans relâche et sans concession à l'urgence d'un profond besoin de justice et d'amour pour tous, y compris les sans-grade et les oubliés, quitte à choquer, quitte à bouleverser les choses et l'ordre du monde ? En d'autres termes, faut-il me voir comme la distributrice de croquettes de qualité, bio et goûteuses, que tu peux déguster à loisir même si tu n'as pas faim, ou comme celle qui lutte avec toi contre l'urgence d'une faim toujours renouvelée ? Tu me suis ?
- Ben... je ne suis pas sûr de saisir l'urgence de la chose, à vrai dire.
- Parce que tu n'as jamais faim, mon chaton. Mais pour ton congénère qui vient mendier tous les matins sur le bord de la fenêtre, tout efflanqué et misérable, c'est autrement urgent. 
- Dois-tu travailler pour les gourmets ou pour les affamés, c'est ça ta question ?
- En un sens, oui, c'est ça... J'aimerais avoir tous les jours le courage de me confronter aux questions urgentes, difficiles, où l'éthique se situe sur une ligne de crête, où parfois on ne peut pas trancher définitivement... ne pas craindre de se confronter à la réalité de ce monde-ci... ne jamais se résoudre à trouver seulement les réponses qui nous brossent dans le sens du poil... 

Chats errants

1 commentaire:

  1. Les deux ;) Il faut avoir le ventre un peu rempli pour se battre contre l'urgence de la faim. Ou alors je n'ai pas compris la métaphore hihi

    RépondreSupprimer

Pour laisser un commentaire