jeudi 18 avril 2019

Trois jours

Un jour, par la grâce d'une artère cérébrale taquine, je me suis retrouvée à l'hôpital. Pendant trois jours, je n'avais plus qu'une conscience limitée de ce qui se passait, comme s'il avait fallu me retirer en moi-même, au plus loin du monde où je perdais pied.
Que me restait-il ? Peu de choses. Ma pensée se mouvait dans un petit triangle - étrange image et pourtant je n'en ai pas d'autre. Des pensées y tournaient en rond, des regrets, des paroles, des bribes de texte. Plus le temps passait et moins il y en avait. Il n'est plus resté au fond qu'une certitude et une peur. La peur de mourir, et la certitude que même si je devais mourir... quelque chose ne mourrait pas, quelque chose qui au fond ne m'appartenait pas mais appartenait déjà à un autre pays, un autre horizon. Un socle ferme sous mes pieds. Une confiance indéracinable. 
Trois jours : trois jours dans le poisson, comme Jonas, trois jours dans l'inconnu, le temps suspendu. Peu à peu, j'ai été happée par la réalité de ce monde-ci, des paroles humaines, une main amie, précieuse d'être rare et respectueuse. 
Ce tombeau-là n'était pas fermé. Il y aurait d'autres jours, d'autres visages, d'autres sourires, d'autres paroles, d'autres horizons, d'autres mots à dire et à écrire, d'autres liens à créer, et des confiances tissées à savourer encore, pour le bonheur de la vie. 
Aujourd'hui, des humains sont au bord de la mort, d'autres y échappent, d'autres l'ignorent, d'autres en ont peur. Nous n'échapperons pas à cet horizon-là, aucun de nous. Mais je crois que cet horizon-là n'est pas le dernier et qu'un jour, le tombeau s'ouvre, qui nous fait voir la vie autrement. 
Trois jours pour une traversée...



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