samedi 1 juillet 2017

Déclaration de foi, 5

Nous continuons à lire la déclaration de foi de l'Eglise protestante unie de France. 

"Dieu se soucie de toutes ses créatures. Il nous appelle, avec d'autres artisans de justice et de paix, à entendre les détresses et à combattre les fléaux de toutes sortes : inquiétudes existentielles, ruptures sociales, haine de l'autre, discriminations, persécutions, violences, surexploitation de la planète, refus de toute limite." 

Dieu nous appelle - c'est, en soi, déjà une déclaration de foi. Le verbe "appeler" désigne à la fois un acte de création (appeler à l'existence) et un acte de salut (proclamer une vie nouvelle). Ici, en plus, il s'agit d'un appel à l'action. Toutes ses créatures sont appelées à ne pas rester centrées sur elles-mêmes, mais à élargir leur regard, à constater l'état du monde et, ayant accueilli Dieu comme créateur et sauveur, à participer à leur façon à cette création et à ce salut.
La lutte pour la création et le salut, c'est une lutte constante contre le délitement et le malheur. Nous ne gagnerons pas cette lutte-là, mais nous pouvons y participer, et d'abord en la constatant. D'autres que nous-mêmes qui nous disons chrétiens, d'ailleurs, participent à cette lutte, d'autres savent en distinguer les éléments et les enjeux. Nous n'avons pas le monopole de la bonté ni de la justice. Nous participons modestement, tout simplement parce que nous sommes persuadés que Dieu ne nous dit pas quoi faire - il nous offre une liberté d'agir et d'être.
Nous avons juste un regard particulier, parce que nous sommes porteurs d'une vigilance particulière vis-à-vis de ce que la Bible désigne et dénonce comme tentation idolâtre, c'est-à-dire contre tout ce qui se pose comme absolu, qu'il s'agisse de pouvoirs humains, de certitudes ou de vérités toutes faites.
La liste de fléaux détaillée ici n'est bien sûr pas limitative. Il s'agit de dire, aujourd'hui, dans ce monde-ci, ce qui nous semble le plus urgent, le plus criant, là où nous sommes appelés tout particulièrement à agir. Je m'arrêterai juste sur le tout dernier item de cette liste, le refus de toute limite. Le refus de toute limite est au coeur de notre expérience du mal dans ce monde. Et il ne s'agit pas seulement, de loin, de dénoncer tous ceux qui, par orgueil ou aveuglement, refusent les limites sociales et politiques, ceux qui piétinent les autres, jusqu'à leur dénier toute humanité, jusqu'à les massacrer en masse parfois.
Non, le refus de toute limite, c'est une réalité tapie à la porte de notre coeur à tous et pas seulement des pires d'entre nous. C'est haïr l'humanité qui nous limite, haïr le fait d'être mortels, faillibles et faibles. C'est rêver de toute-puissance en la croyant à notre portée malgré tout.
Or, l'Evangile vient à rebours de nos rêves de toute-puissance. Il ne consiste jamais à dire "tous tes rêves sont possibles", ni "il n'existe aucune limite à ce que tu peux faire", mais au contraire à affirmer tranquillement qu'au coeur même de notre réalité humaine, de nos limitations, de nos failles et de notre péché, sans que nous sachions trop comment, parce que cela nous est donné, de la nouveauté peut germer, de l'inattendu s'inviter et nous ouvrir d'autres perspectives. Pour nous et pour le monde.




  


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