Quelques personnes sont en train de discuter de l'art de la prédication. La question se pose : qu'est-ce qui, de la forme ou du fond, doit être prioritaire ? Et si ce n'était pas la bonne question ?
Moderne – Si vous permettez, messieurs, je pense que vous vous trompez tous les deux. Comme le dit l'auteur Fred B. Moderne (quel nom magnifique) dans un livre sur l'art de prêcher en 1991 : « La prédication c’est tout ensemble la Parole et les mots. Celui qui nie toute relation entre ses mots à lui et la Parole de Dieu, soit par sentiment d’humilité, soit par refus d’assumer l’autorité et la responsabilité du ministère, enlève à la prédication son objet et la place qui lui revient. En revanche, celui qui, lorsqu’il prêche, identifie ses propres mots à la Parole de Dieu, se revêt du rôle qui revient à Dieu. Rien de permet de justifier cette prétention. Ce que le prédicateur doit faire, c’est se servir des mots que sa culture et sa tradition mettent à sa disposition, choisir les plus clairs, les plus vivants et les plus appropriés, les arranger de façon à transmettre la vérité et à susciter l’intérêt, et les offrir à Dieu dans son sermon. Et c’est Dieu qui façonnera les mots pour en faire sa Parole. »
Témoin – Nous touchons ici à une question théologique fondamentale, il me semble. Monsieur le Héraut affirme que la Parole de Dieu doit s’exprimer à travers le prédicateur. Madame, vous dites qu’il revient au prédicateur la tâche ô combien importante de transmettre un message aux auditeurs dans un langage qu’ils puissent comprendre. Ce qui est en débat, c’est ni plus ni moins la théologie de l’incarnation ! La Parole de Dieu ne peut pas arriver toute crue de l’extérieur de l’humain, elle lui arrive dans son humanité, par les mots qu’ils comprend. Je me souviens qu’à la grande époque de Karl Barth, Karl Rahner, le théologien catholique, parlait de la prédication comme ce qui rend explicite ce qui est déjà présent dans l’obscurité. A propos de Barth, il disait même : « Seul un protestant, théologien de la plus extrême et obscure dialectique, pourrait maintenir que la grâce divine, la rédemption, la promesse de notre libération, la lumière et l’amour de Dieu sont tellement dans l’au-delà que personne ne pourrait les expérimenter ici-bas ; bien au contraire tout discours humain, par son caractère d’absolu paradoxe, témoigne de la Parole et de la Réalité de Dieu. » En d’autres termes, il ne faut jamais oublier le contexte en matière de prédication. Toutes les choses « humaines » ont une importance, même si c’est bien le Christ qui est présent dans la prédication.
Didacticien – J’ai une citation, moi aussi ! De Heinz Zahrnt : « D’un côté, sans la [théologie barthienne] la prédication de nos jours ne serait pas si pure, si biblique, si stimulante ; d’un autre côté elle ne serait pas si dramatiquement correcte, si ennuyeusement précise et si éloignée du monde. » Ha ha ! Il n’y a pas que moi qui suis ennuyeusement précis !
Didacticien – J’ai une citation, moi aussi ! De Heinz Zahrnt : « D’un côté, sans la [théologie barthienne] la prédication de nos jours ne serait pas si pure, si biblique, si stimulante ; d’un autre côté elle ne serait pas si dramatiquement correcte, si ennuyeusement précise et si éloignée du monde. » Ha ha ! Il n’y a pas que moi qui suis ennuyeusement précis !
Héraut – N’empêche... La foi vient par l’écoute, c’est quand même pas moi qui le dis !
L'étudiant en théologie – Et voilà, il y a toujours un moment où quelqu'un se met à citer Paul. Toujours...
(à suivre)
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