Un scandale et une folie... Mais alors, comment croire en ce Dieu-là ? Dieu renonçant à ses prérogatives, à sa toute-puissance... Si Paul peut parler ainsi de la croix, s’il peut proclamer que c’est le cœur de notre foi, et qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, de LA bonne nouvelle, c’est qu’il a rencontré sur son chemin ce Dieu-là. Lui qui était bourré de certitudes, lui qui était fier de son identité de juif parfait, c’est au plus intime de son existence que Dieu s’est révélé à lui, sous les traits d’un crucifié. C’est dans son manque, sa peur, son besoin d’être aimé qu’il a été rejoint. Dans son humanité. Lorsqu’il a été dépouillé de toutes ses prétentions à la connaissance, à la certitude de savoir qui est Dieu, c’est là qu’il a découvert Dieu. Il cherchait désespérément à être respectable et parfait, et Dieu l’a rejoint, non pas pour le rendre respectable et parfait, non pas pour le débarrasser de son humanité, mais tel qu’il était vraiment. Paul a réalisé que sa vie était pleine d’illusions, sur lui-même et sur Dieu, pleine de combats perdus d’avance. Mais que c’était dans cette vie-là, boiteux, désespérément en attente de justification et d’amour, que Dieu venait le rejoindre.
C’est en cela que la parole de la croix est une parole de résurrection. Tout le contraire d’une parole de mort. Au cœur même de ce qui nous tue, au cœur même de nos illusions tueuses, au cœur même de notre besoin d’exister par nos propres justifications, au cœur de nos appartenances, qu’elles soient familiales, confessionnelles, philosophiques ou politiques, Dieu vient se révéler comme celui qui n’attache aucune importance à ce que nous voudrions être par nous-mêmes. Une parole de vie et d’espérance vient s’inscrire au cœur de nos vies. Au cœur de nos Églises imparfaites, faibles, pleines d’humains boiteux, indécis, incertains, au cœur de toute l’humanité, il vient renouveler la certitude que nous sommes, véritablement, choisis, élus et aimés par lui. C’est une parole qui vient manifester un Dieu qui aime l’homme sans condition, sans tenir compte de toutes les identités qu’il se donne à lui-même.
Il est fort comment, Dieu ? Il est fort comme celui qui renonce à sa toute-puissance pour se révéler comme une infinie force d’amour, de pardon et de rédemption. Il est fort comme celui qui nous ressuscite en nous permettant de lâcher sur les exigences que nous nous imposons à nous-mêmes. Sur les identités que nous croyons devoir honorer. Sur nos exigences face à Dieu. Sur nos illusions.
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