Zacharie n'a pas cru, Zacharie se tait...
Et pourtant, un instant de bonheur vacille. Un enfant ? Mais Zacharie voulait son enfant, leur enfant, et voici que Dieu lui annonce que ce sera un enfant pour le monde ! un enfant qui portera les paroles de Dieu, qui agira pour Dieu, en son nom. Un enfant qui aura une destinée hors du commun. Que de perspectives inconnues, quel immense projet... Zacharie se tait, quelque chose lui échappe. Ses propres rêves lui échappent. Cet enfant à venir est trop grand pour ses bras. Cet avenir est trop lourd à porter. « Il sera grand devant le Seigneur... »
Il n’est même pas né et il porte une vocation grande comme le monde entier. Il vivra de l’Esprit, il se nourrira autrement que les autres. Beaucoup se réjouiront de sa naissance. C’est trop pour Zacharie. Cet enfant, qui n’est même pas encore là, lui échappe déjà. Il sera le guide du peuple d’Israël qui l’écoutera, il ramènera chacun au Dieu d’Israël, il ouvrira la route, il marchera à leur tête. Alors le peuple se lèvera pour accueillir le Seigneur. Les pères aimeront à nouveau leurs enfants et les rebelles auront le cœur apaisé et connaîtront la justice.
Zacharie n’a pas cru... Zacharie se tait. Puis une parole, une seule, lui échappe, la parole de tous les prophètes depuis la nuit des temps, depuis Abraham : «quel signe aurai-je?»
Comment être sûr ? Je voulais juste, et ce n’est pas possible, un enfant, un tout-petit et voici que tu m’annonces, toi l’ange Gabriel, de la part de Dieu, que c’est un homme qui vient et qui changera le monde devant Dieu, et qu'il sera très grand ? Quel signe de tout cela ? Est-ce que je peux le croire ? Est-ce que je veux le croire ? Je n’en demandais pas tant. Au fond, je ne sais pas vraiment ce que je demandais. Est-ce que je peux croire que mon désir tout humain vient bouleverser l’humanité tout entière ?
Comment être sûr ? Je voulais juste, et ce n’est pas possible, un enfant, un tout-petit et voici que tu m’annonces, toi l’ange Gabriel, de la part de Dieu, que c’est un homme qui vient et qui changera le monde devant Dieu, et qu'il sera très grand ? Quel signe de tout cela ? Est-ce que je peux le croire ? Est-ce que je veux le croire ? Je n’en demandais pas tant. Au fond, je ne sais pas vraiment ce que je demandais. Est-ce que je peux croire que mon désir tout humain vient bouleverser l’humanité tout entière ?
Zacharie n’a pas cru... Zacharie se tait. Longtemps, Zacharie se tait.
Il y a un temps pour le silence. Il y a temps pour le retrait dans le silence. Il y a un temps nécessaire avant de pouvoir dire « oui, je crois ».
Nous prions, nous aussi. Nous attendons. Nous prions pour un petit jésus couché dans une crèche, et qui ne parle pas. Nous prions pour un dieu bien sage et qui ne dit rien. Nous prions pour que nos habitudes, nos rites, nos confiances soient éternels et évidents. Sommes-nous prêts à accueillir un autre Dieu que celui-là ? Sommes-nous prêts à accueillir un Dieu qui vient parmi nous, de la même chair et de la même espérance ? Qui vient nous dire des choses difficiles à entendre, nous guérir de nos aveuglements, nous remettre debout quand nous avons décidé que nous allions nous arrêter, nous libérer de nos inquiétudes et de nos certitudes ? Un Dieu qui préfère mourir lui-même plutôt que de nous laisser croire que le dernier mot nous revient sur nos vies et sur nos morts ? Un Dieu qui vient bouleverser le monde ?
Sommes-nous prêts à accueillir ce Dieu-là ?
Zacharie n'y croit pas. Alors, Zacharie se tait.
Zacharie n'y croit pas. Alors, Zacharie se tait.
Anselm Sickinger (1862) |
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