jeudi 17 mai 2018

Quitter un ministère

Quitter un ministère, même temporairement, c'est...
Regretter la fin du chemin où nous avons connu de grands moments, des célébrations importantes, des temps communautaires où nous étions vraiment en communion, la joie de l'accueil des nouveaux baptisés. 
Admettre qu'on a le droit d'être déçus les uns des autres, et que ça ne remet pas en question le lien plus profond qui existe en dehors de nous et qui nous rassemble autour d'une même table, à l'écoute d'une même Parole.
Regretter la fin des petits moments, des rires, des connivences, des compréhensions partagées, des risques pris à se livrer en confiance.
Accepter que les liens tissés, parfois, se distendent, s'estompent, disparaissent, pour laisser de la place à de nouveaux liens, de nouvelles façons de comprendre et d'écouter une Parole venue d'ailleurs.
Avoir des regrets, mais ne pas s'y accrocher. Accepter d'encaisser des reproches immérités. Secouer la poussière de ce qui n'en valait pas la peine. Mais surtout, écouter les remarques qui font réfléchir et changer dans la joie.
Comprendre qu'il n'est plus temps de parler en paraboles, mais de se dire au-revoir, à-Dieu.
Rêver aux paraboles sur lesquelles on n'a pas encore prêché. Se dire que notre vocation nous invite à être, nous aussi, des semeurs.
Avoir foi de ce que le temps de la germination soit long et ne dépende pas de nous ; le Royaume est une graine qui doit tomber en terre, germer et se développer en secret avant de percer et de porter du fruit. Nous ne sommes pas là pour la récolte.
C'est tout petit, ça a l'air de rien, mais ce qui a été semé deviendra, d'une façon qui nous échappera toujours, une plante immense, lieu de repos, de protection, de partage pour d'autres.
Se dire qu'on est en partance pour des arbres déjà plantés par d'autres.

Van Gogh, Le Semeur

3 commentaires:

  1. Oh ! Vos ouailles (ça se dit aussi, chez les protestants ?) vous regretteront sûrement.

    J'espère que vous continuerez à discuter avec votre chat et vos lecteurs, néanmoins.

    Et qu'allez vous faire (si ça n'est pas indiscret) ?

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  2. "Ouailles", ça vient du latin qui désigne les brebis. C'est une image biblique, ce qui réjouirait plutôt les protestants, sauf que les brebis de la Bible sont celles du Seigneur et de personne d'autre, du coup non, on n'utilise pas trop ce mot-là chez nous !
    Je m'en vais continuer un travail de thèse sur l'hospitalité comme concept théologique. On risque donc de beaucoup discuter de ce sujet-là, ici et ailleurs, mon chat et moi :-)
    Amitiés

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  3. L'hospitalité ! Quel beau sujet !

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