lundi 25 décembre 2017

Joyeux Noël !

Que chaque jour vous soit une nouvelle naissance... 

Georges de la Tour, Le nouveau-né, Musée des beaux-arts de Rennes

vendredi 22 décembre 2017

Prière

Notre Père qui es aux cieux,
Que ton nom soit sanctifié,
Que ton règne vienne,
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Ne nous soumets pas à la tentation,
Comme ton Esprit a emmené ton Fils au désert,
Mais délivre-nous du mal.
Quand nous sommes assaillis, il rôde autour de nous,
Il nous échappe, nos défenses ne servent à rien.
Quand nous sommes tentés de faire violence,
Il se niche en nous, et refuse d'en sortir.
Aide-nous à ne pas nous soumettre, ni au mal qui rôde, ni au mal qui se niche en nous.
Aide-nous à trouver un amour plus fort que tout, qui résiste au mal.
Amen

Botticelli
En ce temps de l'Avent, nous avons adopté avec nos frères et soeurs catholiques une nouvelle traduction pour la sixième demande du Notre Père. Plutôt que "ne nous soumets pas à la tentation", nous disons désormais "ne nous laisse pas entrer en tentation". C'est une de ces occasions où les exégètes sont en débat : il n'y a pas de traduction parfaite. 

mercredi 20 décembre 2017

Salut et dilection

Dieu est ému, par la pure et gratuite dilection qu'il nous porte, à nous recevoir en grâce. (Calvin, Institution 387)

C'est une histoire de mouvement, au fond. Être ému, c'est être poussé par l'émotion, être animé par l'émotion : pas rester statique, mais se trouver, malgré soi, entraîné. Et Dieu, nous dit Calvin, est ému. Pas ému par l'humanité, non, encore qu'on puisse sans doute plaider pour une mignonnerie intrinsèque, un peu comme on trouverait un chaton mignon, mais qui n'a jamais vu un chat feuler de rage ne se fait que des illusions sur la nature féline. Or Dieu ne se fait aucune illusion sur la nature humaine. 
C'est par la "pure et gratuite dilection qu'il nous porte" que Dieu est poussé à quelque chose envers nous. La dilection, c'est ce qui se passe après la pré-dilection : c'est l'élan de tendresse qui pousse à chérir intensément, c'est ce qui anime l'amour le plus pur, l'amour véritable. Pure et gratuite dilection : sans aucune raison valable, Dieu nous aime. C'est une folie pour nous - plus joliment on appelle ça un mystère, mais je trouve qu'appeler ça une folie nous rappelle que vraiment, c'est par-delà nos petits calculs manipulateurs pour s'approprier l'amour de Dieu par n'importe quel moyen. Pure et gratuite dilection ! 
Et elle lui fait faire quoi, la dilection, à Dieu ? A nous recevoir en grâce. Ca ressemble à du patois de Canaan (le patois que les prédicateurs font volontiers tomber des chaires sur la tête pensante de leurs brebis qui le comprendront si elles ont fait leur caté), mais en vrai, ça veut vraiment dire quelque chose. Être reçu en grâce, c'est comme, pour un prisonnier, recevoir la grâce : malgré les décisions de justice, quelque chose vient qui rend libre, malgré tout. Sauf que Calvin ne dit pas que nous recevons la grâce, mais que nous sommes reçus en grâce... Nous ne sommes pas des récipients plus ou moins volontaires de la grâce, mais des pélerins, des voyageurs incertains qui arrivent en pays inconnu et infiniment accueillant : le pays de la grâce. Le Royaume de Dieu.
A Noël, nous sommes appelés à abandonner nos ambitions de parvenir par nous-mêmes dans ce pays fabuleux. C'est ce pays fabuleux qui survient parmi les hommes. Le ciel est tombé sur la terre. Regardez l'étoile, c'est cette histoire-là qu'elle raconte : l'histoire du mouvement de Dieu vers les humains. 

Affiche du film de Timothy Reckart (2017)

lundi 18 décembre 2017

Le sens des mots

Nous attendons : un avènement est toujours à venir. Quel meilleur moment que celui-ci pour méditer sur le sens des mots et des choses ?

De toute mon âme je dis que le Seigneur est grand, mon esprit est plein d'allégresse à cause de Dieu, mon sauveur, parce qu'il a porté son regard sur la petitesse de sa servante. Oui, dès maintenant, toutes les générations me diront heureuse, parce que le puissant a fait de grandes choses pour moi. Son nom est saint, et sa bonté s'étend de génération en génération pour ceux qui le craignent, lui. Il est intervenu à la force de son bras, il a dispersé ceux qui se croyaient, en leur coeur, meilleurs que tous les autres. Il jette les souverains à bas de leur trône, il élève les plus petits. Il comble ceux qui ont faim et renvoie sans rien ceux qui sont riches. Il est venu au secours d'Israël, son serviteur, il s'est souvenu de sa bonté, comme il l'avait dit à nos pères, sa bonté pour Abraham et toute sa descendance, pour l'éternité. 

Ainsi parle Marie lorsque, réfugiée auprès d'Elisabeth, elle comprend que ce qui lui arrive est extraordinaire, non seulement pour elle mais pour tous. Elle parle de force et de faiblesse, elle se sait faible et accueille la puissance de Dieu. 
La puissance de Dieu n'oublie pas la faiblesse : c'est là qu'elle se manifeste. Les puissants de ce monde et les orgueilleux, eux, l'ont oubliée ou niée. C'est ce qui les rend faibles. 
Prier comme Marie, c'est le comprendre, l'espérer, et agir.

Photo Nath Anaëlle sur Facebook

samedi 16 décembre 2017

Reconnaissance

- Mon humaine, il manque quelque chose à ton... "blog".
- Allons bon. Quelque chose qui te concerne, je suppose.
- Miioui. Ca manque de... reconnaissance.
- Allons bon. Quelque chose comme "Qui n'a pas vécu sous l'autorité bienveillante d'un chat n'a pas vraiment vécu" ?
- Oui. C'est pas mal. Mais il manque peut-être un petit quelque chose...

Cette conversation hier matin avec mon chat me trottait dans la tête. Reconnaissance... Il y a là quelque chose d'un message d'espérance, un message de Noël, mais quoi ? 
Dieu se présente au monde comme un nouveau-né. Le seul pouvoir, ô si faible, d'un enfant, c'est l'appel à l'aimer. Et si c'était ça, le message de Noël ? Un appel à aimer Dieu qui se rend faible et impuissant dans la crèche. 
Le tout-petit ne peut rien faire, il n'en a pas la force. Il ne peut rien donner, il ne possède rien. Comment l'accueillir alors ? Pas pour ce qu'il peut faire ou donner, mais comme un vrai cadeau. Alors, accueillir l'autre, tout autre, lointain ou prochain, comme un cadeau, un miracle et un cadeau - pas pour ce qu'il a à faire ou à donner, mais simplement parce qu'en étant, il éclaire notre vie, il éclaire notre monde - voilà peut-être l'esprit de Noël...
A chacun et chacune, simplement : merci d'être là. 

Robert Campin La nativité (v. 1430)

mercredi 13 décembre 2017

Outside the box, I think

- Non mais ça va pas, ta ptite tête de chat ?
- Ben quoi ?
- Mon canapé !
- Oh, doucement, hein, j'ai simplement choisi une méthode non-violente pour manifester mon mécontentement.
- Mais tu aurais pu choisir la voie diplomatique plutôt que la voie urinaire !
- Très drôle. Vraiment très drôle.
- Espèce de chat, va.
- Tu dis ça comme si c'était un reproche.
- Ouais. Ca peut arriver.
- ...
- Mais qu'est-ce qui t'a énervé comme ça ?
- Jules César.
- Jules César ? Tu protestes contre la guerre des Gaules ? Tu serais pas en retard de quelques trains ?
- Mais non, pas ce Jules-là.
- Le chat du voisin ?
- Le voisin à qui appartient l'humain d'à côté, oui.
- Et qu'est-ce qu'il a fait au juste ?
- Il a passé au moins une heure à me reluquer de l'autre côté de la fenêtre en donnant des coups de patte nonchalants aux fleurs des plates-bandes. Mes plates-bandes !
- Et tu pouvais pas lui dire de déguerpir, tout simplement ?
- ... 
- Quand je pense que tu as le luxe d'être un chat qui parle et que tu renonces au langage dans les situations critiques, ça me dépasse.
- Il y a beaucoup de choses qui te dépassent, mon humaine.
- Ouais. Ca peut arriver.
- Mais tu sais que c'est Jésus lui-même qui dit que ce qui rend impur, c'est justement le langage qui vient du coeur ?
- Pardon ? mais c'est quoi ta traduction ?
- Ah non, ce n'est pas une histoire de traduction, pas cette fois, c'est texto dans le texte. Tiens, chez Matthieu (Mt 15,10-20) : "Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui rend l'homme impur ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui rend l'homme impur."
- Ah oui... parce que ce qui sort de la bouche vient du coeur...
- Et ce qui est dans le coeur...
- N'est pas, hélas, de toute beauté. Ce qu'il y a dans le coeur est même capable de nous rendre inhumains...
- Et oui. Pas besoin d'être un chat pour le comprendre.
- Merci mon chaton pour cette leçon de vie.
- (Le chat, in petto - Je baille, ou je lui fais le coup du regard mystérieux ? Allez, le regard mystérieux.)


samedi 9 décembre 2017

mardi 5 décembre 2017

Avent inventaire

- Dis, mon humaine, on vient d'entrer dans le temps de l'Avent, là, non ? 
- Oui mon chaton. 
- C'est quoi au juste ?
- C'est se préparer à dire, et à essayer de comprendre, que Dieu a fait le choix délibéré de venir se plonger jusqu'au cou, jusqu'aux entrailles, jusqu'au coeur, dans l'humanité ordinaire.
- Beurk.
- C'est pas faux. Il a choisi de venir porter des couches et faire son rot, et puis d'avoir mal aux dents, et au ventre, et puis de grandir en force et en intelligence, de devenir adulte et responsable, de se tromper parfois, de recommencer... Totalement humain. Mais aussi tendu vers un but qui le dépassait et qui l'a mené à la mort - où nous passerons nous aussi. Parce qu'il y a autre chose, pour lui comme pour nous, que notre bestiale humanité, si j'ose dire.
- Oui, oui, ose donc. Mais j'ai une autre question, ô mon humaine.
- Vas-y, ô chat petit chat.
- Il paraît qu'il y a des gens, pour Noël, qui "font un sapin". Tu vois ce que je veux dire ?
- Très bien. Tu sais pourquoi dans cette maison on n'en fait plus ?
- Miiii.... non.
- Ouais, tu peux prendre l'air innocent tant que tu veux, il y a quand même des choses où ma mémoire fonctionne très bien. Ca m'arrive encore de trouver des aiguilles et des bouts d'ange doré sous les coussins du canapé.
- ...
- On va mettre ça sur le compte de ta bestiale félinité.
- Oui, on va.