mercredi 25 mars 2020

Tenir le coup

Comme Jésus s’en allait du temple, un de ses disciples lui dit : « Maître, regarde : quelles pierres, quelles constructions ! » Jésus lui dit : « Tu vois ces grandes constructions ! Il ne restera pas pierre sur pierre ; tout sera détruit.»
Comme il était assis au mont des Oliviers en face du temple, Pierre, Jacques, Jean et André, à l’écart, lui demandaient : « Dis-nous quand cela arrivera et quel sera le signe que tout cela va finir. »
Jésus se mit à leur dire : « Prenez garde que personne ne vous égare. Beaucoup viendront en prenant mon nom ; ils diront : “C’est moi”, et ils égareront bien des gens. Quand vous entendrez parler de guerres et de rumeurs de guerres, ne vous alarmez pas : il faut que cela arrive, mais ce ne sera pas encore la fin. On se dressera en effet nation contre nation, et royaume contre royaume ; il y aura en divers endroits des tremblements de terre, il y aura des famines ; ce sera le commencement des douleurs de l’enfantement.
Soyez sur vos gardes. On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues, vous serez roués de coups, vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois à cause de moi : ils auront là un témoignage.
Car il faut d’abord que l’Evangile soit proclamé à toutes les nations. Quand on vous conduira pour vous livrer, ne soyez pas inquiets à l’avance de ce que vous direz ; mais ce qui vous sera donné à cette heure-là, dites-le ; car ce n’est pas vous qui parlerez, mais l’Esprit Saint. Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; les enfants se dresseront contre leurs parents et les feront condamner à mort.
Vous serez haïs de tous à cause de mon nom. Mais celui qui tiendra jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. (Mc 13,1-13)
Regardez - regardez la situation en face, mais ne vous perdez pas. L'urgence est là, la violence est là, le danger est là, mais ne vous laissez pas happer. Ne vous laissez pas fasciner par tout cela, car l'essentiel n'est pas là. La destruction, la mort, oui, c'est vrai, sont là. Mais ce n'est pas la fin de tout. Prenez garde de ne pas croire à la fin du monde : vous vous égareriez. 
Il s'agit de tenir bon, de tenir le coup. Assis face au temple avec ses disciples, Jésus prêche la ténacité face à l'adversité, sans cacher la violence de ce qui s'annonce. Le temple lui-même, le coeur de la vie religieuse, sera détruit, symbole de l'effondrement de toute solidité de la société, et surtout symbole de l'effondrement de la médiation nécessaire entre les humains et Dieu. Et maintenant ? 
Il faudra tenir à une chose, et à une seule : il faut que la bonne nouvelle soit proclamée sur toute la terre. Je ne sais pas vous, mais moi, face à la perspective d'une catastrophe, je préférerais un encouragement un peu plus humain, avec un minimum d'empathie, la promesse au moins de jours meilleurs, d'un but glorieux. Même pas. Il faut encore bosser, et proclamer. Les bonnes oeuvres, jusqu'au bout, pour se gagner son paradis, quoi. 
Sauf que... sauf que ce n'est pas nous qui allons parler. (Et en plus, dépossédés de notre propre parole ! oui - on peut le voir comme ça). Soutenus par une parole qui n'est pas la nôtre, animés par un souffle qui n'est pas le nôtre. On se bat avec des armes offertes par un autre. Apparemment pas bien efficaces : des mots, du souffle. Destinés à d'autres que nous-mêmes, tournés vers le monde, vers autrui, vers l'humanité toute entière. Nous sommes liés de souffles et de mots. 
Être porteurs de mots et d'un souffle venus d'ailleurs : voilà ce qui nous permet de tenir le coup, de tenir le choc. De ne pas nous décourager. De tenir le cap vers un monde qui se profile... 

Jeanne Lombard


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