lundi 22 avril 2019

Pâques commence aujourd'hui

Pour nous, Pâques commence aujourd'hui. 
Hier, nous avons célébré la résurrection de Jésus et esquissé ce qu'elle signifie pour nous encore, à l'époque qui est la nôtre, dans une joie profonde. Mais aujourd'hui ? N'allons-nous pas oublier un peu facilement ce que nous avons dit et entendu hier, et qui pourtant nous rendait si heureux ? 
Un texte biblique met en scène ce doute et cette peur. Dans l'évangile selon Jean, au chapitre 21 (dont beaucoup d'exégètes sont d'accord pour dire que c'est un ajout tardif au texte original), nous lisons l'histoire de quelques disciples qui retournent, quelque temps après la résurrection, à leur vie quotidienne. Ils étaient pêcheurs et ils retournent à leurs filets. Comme si, au fond, il ne s'était rien passé. Ou comme si ça avait de l'importance au moment où ça se passait, mais que maintenant, la poussière était retombée et qu'il n'y avait plus qu'à retourner à la vie ordinaire, celle d'avant tout ça, d'avant la parenthèse.
Et nous ? Est-ce que nous ne serions pas un tout petit peu tentés de faire la même chose, un peu écoeurés par tout ce chocolat ? 
La vie à laquelle retournent ces hommes (car il n'y a là que des hommes) est dure. D'ailleurs, cette nuit-là, la nuit où ils retournent au travail, ils ne prennent rien. Jusqu'au moment où un inconnu leur conseille de jeter leurs filets ailleurs : boum, plein de poissons. Poissons inutiles d'ailleurs puisque le repas est déjà cuit lorsqu'ils finissent tous par débarquer : c'est Jésus qui a préparé le repas, sur la plage. 
Sur les rives de nos vies, ce n'est pas l'ordinaire qui importe désormais. C'est l'excès, la surabondance, le trop, l'immense... qui naît de rien du tout, d'une parole. Par la grâce d'une simple parole, nous recevons au-delà du nécessaire, bien au-delà. Du simple fait de reconnaître un inconnu, un Autre tellement Autre qu'il est déjà sur un autre rivage que nous, nous vivons l'extraordinaire. 
Aujourd'hui, nous sommes appelés à être, dans l'ordinaire de nos vies, les disciples de cet homme-là. Et à accepter de vivre l'extraordinaire même au coeur de notre vie la plus ordinaire, même si nous n'osons pas lui demander qui il est, même si nous n'y croyons plus, même si nos filets reviennent vides à chaque fois. Une fois encore, jeter nos filets : l'image même de l'espérance... 

Rubens, La pêche miraculeuse

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour laisser un commentaire