lundi 18 septembre 2017

D'un bond...

Quand j'étais au collège, ma vie était misérable, essentiellement parce que la vie à la maison était misérable. J'avais heureusement pour professeur une femme extraordinaire qui a su m'encourager dans les petites choses et m'ouvrir les yeux à de plus grandes. Elle m'a permis de ne pas couler à pic. Un jour, elle a raconté à toute la classe une histoire probablement apocryphe, celle d'un concours d'écriture où il s'agissait d'imaginer une suite à un début d'histoire.
Voici quel était ce début :
"Emporté par son poids, il trébucha et tomba dans le puits. Il entendit le couvercle se refermer sur lui, bien avant de toucher terre lourdement dans l'obscurité. Il se trouvait dans une petite salle voûtée éclairée par une bougie posée dans une anfractuosité et ne voyait aucune ouverture sinon celle du plafond par laquelle il était tombé. Il avait de l'eau jusqu'aux mollets. En tournant sur lui-même, il distingua une grille dans un mur mais de l'autre côté, des yeux fixes ne le quittaient pas, surmontant des crocs immenses de crocodiles affamés. Un peu plus loin, une cage, dont la porte était retenue par une cordelette qui commençait à s'effilocher, semblait contenir des rats agités. Ses mains étaient toujours liées dans son dos. Un instant plus tard, un éboulement fracassant vint boucher l'ouverture du plafond. La bougie se renversa et mit le feu à un ballot de paille à côté d'un tonneau d'explosif. Il était pris au piège."
Le lauréat du concours d'écriture avait proposé ce qui suit :
"D'un bond, il se libéra."

L'Evangile, il est là pour moi, dans toute cette histoire : dans le regard favorable, d'où qu'il vienne ; dans le récit des tribulations ; dans la créativité nécessaire face à l'adversité, mais surtout, dans la seconde d'éternité qui précède la libération et l'ouverture d'inimaginables possibles. 
"D'un bond, nous sommes libérés."

Capitaine Mayne-Reid, A fond de cale (1894)

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