jeudi 7 septembre 2017

Une leçon de conduite

C'est l'histoire d'un jeune homme qui voulait passer son permis. Tous les soirs, après le lycée, il allait à l'auto-école, pour apprendre le code de la route. Il trouvait ça difficile, mais il continuait, parce qu'avoir une voiture était son plus grand rêve. Il se disait qu'avec une voiture, il pourrait tout faire, tout devenir, tout être... et que le monde n'aurait enfin plus de secrets pour lui. La voiture, c'était la liberté. Sauf qu'il avait le plus grand mal à apprendre le code de la route. Un soir plus difficile que les autres, il est allé trouver son grand-père, qui lui a dit ceci :

- Prends le code, et ouvre-le n’importe où. Maintenant, dis-moi quel panneau tu vois.
- Un stop.
- Alors, qu’est-ce que ça veut dire ?
- Qu’il faut s’arrêter.
- Et ça veut dire quoi, qu’il faut s’arrêter ?
- Et bien, qu’il faut ralentir, rétrograder, freiner, et s’arrêter.
- Sinon, il se passe quoi ?
- Sinon, on risque d’avoir un accident, ou de se faire arrêter.
- Donc si tu ne respectes pas ce que dit le panneau, tu risques gros ?
- Pas forcément, si ça se trouve il n’y a personne au carrefour, alors ça ne gênera personne si on ne respecte pas le stop.
- Alors pourquoi tu le respectes ?
- Parce que ça dit qu’il faut le faire. Au cas où il y ait quelqu’un.
- Alors s’il y a un stop, c’est parce qu’il y a d’autres gens que toi sur la route ?
- Oui.
- Bon. Maintenant, ferme le livre, et ouvre-le à nouveau. Qu’est-ce que tu vois ?
- Un panneau « 50 ».
- Ca veut dire quoi ?
- Qu’on n’a pas le droit d’aller plus vite que 50 km à l’heure.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. C’est le panneau qui le dit.
- Ca veut dire que tu ne vas pas vérifier si le panneau a raison ou non, tu vas juste faire ce qu’il dit ?
- Oui... enfin si c’est le milieu de la nuit, que je vois très loin et qu’il n’y a personne, je peux peut-être aller un peu plus vite... ceci dit, il risque d’y avoir un radar...
- Alors tu fais confiance au panneau de toute façon, que tu saches ou non s’il a raison ?
- Oui, parce qu’il me dit que quelqu’un pourrait être en danger si je ne le respecte pas.
- Donc tu vas le respecter ?
- Probablement.
- Bon, maintenant ferme le livre, et dis-moi ce que tu dois faire.
- Comment ça ?
- Et bien, quel panneau tu dois respecter ?
- Comment ça, quel panneau ? Il n’y a plus de panneau si je ferme le livre.
- Mais tu as bien vu qu’il y en avait au moins deux. Un stop, et une limitation de vitesse à 50. Alors, lequel tu choisis de respecter ?
- C’est idiot, ta question, grand-père...
- Peut-être, mais réponds quand même.
- OK. Alors si je veux respecter les deux, du coup je ne vais pas prendre de risque, et je vais m’arrêter. Comme ça je respecte forcément aussi le 50.
- Donc, tu t’arrêtes.
- Oui.
- Tu coupes le moteur et tu restes là ?
- Oui.
- Alors, à quoi ça sert de passer ton permis ?

Le jeune homme en est resté comme deux ronds de flan. Comme vous, j'espère. Comme nous tous. Quand on referme la Bible, on respecte quelle loi ? Si on ne veut pas prendre de risque, on s'arrête et on coupe le moteur. On s'arrête de vivre. On devient mort. Et parfois, on impose aux autres de s'arrêter de vivre. C'est ça que veut dire Paul, quand il dit dans l'épître aux Romains (Rm 7,7-11) que notre rapport à la loi, au code de la route de la vie, est perverti par une profonde incapacité à la suivre de façon vivante. Il dit cela de façon assez cryptique, avec ces mots : "le péché a capturé la loi et m'a fait mourir". C'est que le péché est ce qui nous fait fermer le livre de la loi, avec pour seule consigne : maintenant, on fait le mort.
Est-ce que c'est cela que Dieu a voulu en nous donnant sa loi ? Non.
Est-ce que c'est cela qu'ont prévu les législateurs en mettant en place toute une série de panneaux indicateurs ? Non.
Ce qu'ils avaient prévu, c'est que ces lois nous aident à circuler, à aller voir ailleurs, à visiter, à rencontrer, à découvrir, à vivre, sans être des dangers publics et sans que les autres soient des dangers publics pour nous. De même, ce que Dieu avait prévu, c'est que sa loi aide les humains à vivre, en se respectant soi et en respectant les autres, sans se mettre en danger et sans mettre en danger les autres. Sauf que nous, on s'amuse à fermer le livre et à se poser des questions sur quelle loi il faut suivre, pour finir par n'en suivre aucune, pour ne pas prendre de risque.
Si vous vous décidez à lire tout ce que contient la Bible puis à fermer le livre et à décider de suivre toutes les lois à la fois, vous passez à côté de ce que la Bible est réellement : un don de Dieu pour la vie. Vous en ferez, à la place, un don de mort. Par contre, vous pouvez la lire comme un code destiné à ouvrir de nouvelles routes, de nouveaux espaces, des paysages insoupçonnés. Et là, vous vivrez. Parce que vous entendrez qu'il ne s'agit pas de lire des lois mortes, mais d'entendre une voix vivante. Alors, vous accueillerez la vie que Dieu vous donne. 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Pour laisser un commentaire