lundi 31 décembre 2018

La dynamique de Dieu


Lorsque l'apôtre Paul parle de la puissance de Dieu, il ne parle pas de la puissance écrasante du souverain qui a droit de vie, de mort, de destruction, mais de la foce qui donne au monde sa dynamique, son souffle, son inspiration, son élan. Ce n'est pas la force brute de l'être humain, qui peut être sans limite et meurtrière, notre monde le sait bien, ne le sait que trop. Dans la langue grecque, la langue de Paul, c'est le mot dunamis, qui a donné dynamique ou dynamo. C'est la force qui se retient, qui renonce à la violence, qui se limite, qui choisit la faiblesse pour donner la vie. C'est une puissance de vie. Là où les humains développent une logique de puissance, d'efficacité, de pouvoir, Dieu propose une dynamique, une impulsion, une création. Et il le fait en se laissant mettre en échec. En refusant obstinément de s'imposer par la force. En étant une infinie force faible... Dieu n'est pas un Dieu manipulateur des choses, des gens et des événements, mais un Dieu obstiné, qui maintient sa promesse et son espérance. 
Entendons-nous cette bonne nouvelle ? Pouvons-nous en vivre ?
Une tentation, ce serait de se dire que puisque c’est comme ça, puisque Dieu se montre faible, alors il faut, nous aussi, être faibles. Et renoncer à toute dynamique de vie. Tourner le dos à la recherche du bien, à l’action dans ce monde. Puisque Dieu est assez gentil pour agir, laissons-le faire, à sa façon... La question, vraiment, se pose. Faut-il être faible ?
Mais la question ne se pose pas ainsi. Paul, toujours lui, utilise une image pour nous permettre de comprendre à quoi nous sommes appelés. Il nous parle bien des œuvres que nous sommes appelés à faire dans ce monde, en construisant sur la bonne nouvelle qui nous a été donnée. Seulement, ce n’est pas nous qui sommes appelés à juger de la qualité de nos œuvres... Paul explique que ces œuvres seront « testées par le feu ». Un feu qui dévorera tout ce qui, de nos œuvres, ne pourra pas demeurer dans le Royaume de Dieu. Etrange image...
Imaginez : imaginez tout ce qui sera inutile dans le Royaume de Dieu. Imaginez tout ce qui est déjà inutile, lorsque nous vivons, non pas pour nous sauver, mais en sauvés. L’orgueil, par exemple... plus besoin d’orgueil lorsque nous savons que nous sommes aimés pour nous- mêmes. Plus de peur. Pouvez-vous imaginer un monde où personne n’aurait plus peur ? Peur du jugement des autres, peur de perdre, peur de se perdre, peur de perdre sa vie... tout cela disparaît. Il n’y en a plus besoin, ça n’a plus de raison d’être. Imaginez tout ce qui disparaît : nos richesses, tout ce qui nous encombre et nous empêche de vivre, toutes nos fausses sécurités. Notre rang social. Nos médisances. Notre colère. Notre rancune. Rien de tout cela ne subsistera. Alors se profile déjà, dans ce monde qui est le nôtre, la légèreté d’une vie qui nous est promise pour tout de suite. Désencombrée de nos illusions sur nous-mêmes. Libres d’agir, pour rien, par grâce – et pas pour gagner l’amour des autres ou de Dieu. Pouvez-vous imaginer vivre ainsi, dès aujourd’hui ? Car c’est ça qui nous est promis. Au boiteux, au déglingué, au plus pauvre d’entre nous, comme au plus puissant, au plus riche, au plus grand. Pouvez-vous imaginer ce qui subsiste alors ?
Ce qui subsiste, c’est la force faible de l’amour. Du temps perdu à tendre une main à notre frère en humanité. De la pauvre petite parole qui insiste face à l’ordre du monde. De la faiblesse qui, débarrassée de toutes ses illusions, peut agir vraiment, simplement, à la petite mesure de ses moyens, sans savoir si c’est efficace... Ce qui subsiste, c’est l’amour, la douceur, le pardon, la justice... la paix. Ca a l’air bien faible et dérisoire... mais c’est cette puissance-là qui nous est donnée. C’est la puissance de Dieu qui agit à travers nous.
C’est ainsi que Dieu est fort.

(c) PRG

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