mercredi 5 juillet 2017

L'interprète et le pasteur

Au chapitre 20 de l'évangile selon Jean se trouve une conclusion. Et pourtant il existe un chapitre 21… Un successeur de l'auteur a ajouté ces lignes, pour parler aux chrétiens de son temps, pour inscrire leur réalité dans la trame des mots.

Jésus se manifesta une nouvelle fois aux disciples, près de la mer de Tibériade. Voici comment il se manifesta. Simon Pierre et Thomas, qu’on appelait Didyme, Nathanaël qui venait de Cana en Galilée, les deux fils de Zébédée et deux autres des disciples étaient ensemble. Simon Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils répondirent : Nous venons avec toi. Ils partirent, et montèrent dans la barque. Cette nuit-là, ils ne prirent rien. L’aube était déjà là, et Jésus se tint sur le rivage. Les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Jésus leur dit alors : Enfants, avez-vous de la nourriture ? Ils lui répondirent : Non. Il leur dit : Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. Ils jetèrent donc le filet, et ils n’avaient pas la force de tirer à cause de la masse des poissons. Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : C’est le Seigneur.
Simon Pierre, entendant que c’était le Seigneur, ceignit son vêtement, car il était nu, et se jeta à la mer. Les autres vinrent avec la barque, car ils n’étaient pas loin de la terre, à environ deux cent coudées, et ils tirèrent le filet plein de poissons. Lorsqu’ils débarquèrent, ils virent qu’un feu de braises avait été allumé, avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : Apportez des poissons que vous avez pris. Simon Pierre tira le filet à terre, plein de cent cinquante trois gros poissons, et malgré leur nombre, le filet ne se déchira pas. Jésus leur dit : Venez, mangez. Aucun des disciples n’osait le questionner : Qui es-tu ? Ils savaient que c’était le Seigneur. (Jn 21,1-12)


Commentaire

En mettant en scène à la fois le "disciple que Jésus aimait" et Simon Pierre, l'auteur de ce passage désigne la réalité des croyants après Pâques. Embarqués dans la toute jeune Eglise, les croyants ont besoin à la fois d'un interprète et d'un pasteur (comme l'écrit l'exégète Jean Zumstein). L'interprète, c'est celui qui sait reconnaître le Christ dans la silhouette sur le rivage, et dont la parole va permettre de comprendre autrement leur réalité : c'est celui qui dit "C'est le Seigneur !" Le pasteur, c'est celui qui, d'une parole, entraîne les disciples à la pêche, garant de la barque commune, mais c'est aussi celui qui se précipite vers le Christ sans attendre et se jette à l'eau lorsque sa voix se fait entendre. 
Dans l'Eglise d'aujourd'hui, les pasteurs sont à la fois pasteurs et interprètes. Comme pasteurs, il leur revient de maintenir l'unité, de faire en sorte que la barque ne tangue pas trop et que chacun et chacune y trouve sa place, il leur revient aussi de sauter les premiers dans l'eau quand on aperçoit le Christ qui nous attend. Comme interprètes, ce sont ceux qui savent dire "C'est le Seigneur" pour éclairer autrement le monde dans lequel nous vivons tous, de rappeler sans cesse que c'est à l'écho d'une parole venue d'ailleurs que nous trouvons le sens de ce que nous faisons. 
Ca ne va pas sans tension pour celui ou celle qui endosse la fonction. Quand on saute dans l'eau, il arrive qu'elle soit froide, et quand on désigne le Christ en disant que c'est lui, il arrive que les auditeurs entendent autre chose ! C'est ainsi. Nous ne faisons pas l'Eglise, nous autres pasteurs, nous aidons seulement à vivre du sens reçu… et nous ne le faisons pas parce que c'est facile, mais parce que nous y avons été appelés.


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