samedi 28 avril 2018

Comme un chat

- Késuffé ?
- Je construis un carton.
- Pourquoi ?
- Pour y mettre des choses.
- Pourquoi ?
- Pour les transporter.
- Où ?
- Dans notre nouveau chez-nous.
- Où ?
- Là-haut, vers la mer.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il va y avoir un autre pasteur ici.
- Et là, késuffé ?
- Je trie.
- Tu tries quoi ?
- Tout. Mais pour l'instant, mes vieilles prédics.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est pas la peine de les garder. La Parole s'envole et atterrit où elle veut !
- Alors pourquoi tu les tries ?
- Parce que je suis humaine et que pour nous, c'est important les souvenirs.
- Pourquoi ?
- Bon, pousse-toi une minute, tu veux ? Je lis.
- Alors, c'est bien ?
- Oui, celle-là était pas mal.
- Il y a des métaphores ?
- Hmmm... oui, une.
- C'est tout ?
- C'est tout ce qui m'était venu.
- Pourquoi ?
- Attends, celle-là je m'en souviens bien, c'était pour un baptême. Il y avait beaucoup de monde. Au début, personne n'écoutait vraiment. Et puis quand j'ai parlé d'un hérisson qu'il fallait dérouler, les enfants ont commencé à écouter. Peu à peu, le silence s'est fait. C'est un moment extraordinaire, quand tu parles à des gens qui écoutent tes mots pour y entendre les mots de quelqu'un d'autre. Croiser le regard de quelqu'un qui écoute vraiment, ça ne s'oublie jamais. 
- Et là, késuffé ?
- J'essuie une larmichette.
- Pourquoi ?
- Attends, regarde celle-là ! 
- Pourquoi il y a des traits de couleur dans tous les sens ?
- Celle-là c'était pour un service funèbre. Je n'avais pas écrit la prédication, je n'avais gardé que le texte brut avec des codes couleur pour m'indiquer les étapes du commentaire, autour des mots-clé. 
- Comment ?
- Ça, c'est un secret de fabrication. 
- Pourquoi ?
- Parce que les prédicateurs sont des artisans.
- Comment ?
- Ils peuvent passer des heures à réfléchir, à couper et découper, à fignoler, à monter et démonter, à poncer et à polir. 
- Tu parles d'un meuble ou d'un moteur de moto à remonter ?
- Comme tu veux. 
- Et ça, c'est quoi ?
- Ça, c'est le carton où je vais t'enfermer le temps de finir tous les autres, si tu ne me lâches pas les baskets cinq minutes !
- OK, OK, on s'énerve pas. C'était juste pour aider. 
- Bon, bon, à plus tard.
- Et les croquettes, tu les ranges où les croquettes ?
- (Soupir).

Moteur de moto

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