Qu'avez-vous à perdre ? Attention, ce n'est pas un défi que je vous lance, c'est une vraie question : dans votre vie, qu'est-ce que vous avez à perdre ? À quoi attachez-vous tant d'importance que si vous le perdiez, tout s'écroulerait ?
Il se peut que vous refusiez de répondre à la question. Peut-être que vous avez le sentiment que tout ce que vous avez, vous le méritez, et donc que vous ne le perdrez pas.
Peut-être que vous n'avez rien du tout et que vous vous dites que c'est une question de riche.
Peut-être que vous y avez déjà longuement réfléchi et que vous savez exactement à quoi vous tenez profondément, ces choses et ces liens qui vous font tenir debout, qui vous font être en vie, sans quoi il n'y aurait plus de vie.
Peut-être que cette question, vous la gardez pour vos derniers instants.
C'est une question qui se pose avec urgence dans les moments de crise, les moments où le changement s'impose à nous même si nous n'en voulions pas forcément. Pensez à la dernière fois que vous avez déménagé, à votre hésitation devant le batteur à oeufs et l'album de photos de votre défunt chat, ou n'importe quoi qui vous a fait hésiter.
Qu'avez-vous vraiment à perdre ? On se doute bien qu'au coeur de cette question se trouve l'interrogation : combien de couches faut-il enlever pour arriver au moi tout nu, auquel on ne peut plus rien enlever sinon ça meurt ? Et ce moi-là, à quoi il tient ?
Puis il fit venir la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. En effet, qui veut sauver sa vie, la perdra ; mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile, la sauvera. Et quel avantage l’homme a-t-il à gagner le monde entier, s’il le paie de sa vie ? Que pourrait donner l’homme qui ait la valeur de sa vie ? Car si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. » (Mc 8,34-38)
Le problème que pose Jésus ici est encore plus radical que la question déjà difficile que je posais plus haut. Il ne demande pas que nous abandonnions tout ce qui est superflu pour en arriver au "moi tout nu". Il demande carrément que nous perdions notre vie même. Le coeur même de ce que nous sommes. C'est impossible ? Oui. Et tant mieux. Parce que si c'était possible, nous croirions qu'il suffit de le vouloir, qu'il suffit de faire des efforts, pour y arriver. Ce à quoi Jésus nous convie, c'est à l'abandon de toutes nos illusions : non, nous ne pouvons pas y arriver. Tout ce qui nous laisserait croire que nous le pouvons nous fait, en réalité, perdre notre vie en Dieu. Tout ce qui nous fait croire que nous sommes à la hauteur nous fait mépriser Dieu et celui qu'il a envoyé. Croire en nous-même c'est avoir honte de Dieu...
C'est ainsi qu'une autre réalité s'ouvre. Une autre vie...
(c) PRG |
Ah...
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