Il parcourait les villages d'alentour en enseignant. Ayant appelé les Douze, il se mit à les envoyer deux à deux, en leur donnant autorité sur les esprits impurs. Il leur enjoignit de ne rien prendre pour la route, sinon un bâton seulement. Ni pain, ni sac, ni monnaie de bronze à la ceinture, mais, disait-il, chaussez-vous de sandales et ne mettez pas deux tuniques. Il leur disait encore : Lorsque vous serez entrés dans une maison, demeurez-y jusqu'à ce que vous quittiez l'endroit. Et si quelque part les gens ne veulent pas vous accueillir ni vous écouter, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds, ce sera pour eux un témoignage. Il partirent, et annoncèrent qu'il fallait changer radicalement. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des applications d'huile à beaucoup de malades et les guérissaient. (Mc 6,6b-13)
Si on ne vous écoute pas, n'insistez pas. Secouez la poussière restée sur vos pieds, et partez.
Secouer la poussière restée sur vos pieds, c'est faire remarquer (assez peu subtilement) que personne ne vous a donné l'hospitalité, qui consiste à offrir l'occasion de se laver les pieds pour enlever la poussière du chemin et à donner le gîte et le couvert. C'est un geste visible, qui permet à tous les protagonistes de prendre acte du fait que l'impératif d'hospitalité n'a pas été respecté. Les voyageurs doivent reprendre la route.
L'hospitalité, c'est toujours une histoire de confiance, un pari sur la confiance. Ceux qui arrivent doivent prendre le risque de faire confiance à quelqu'un qu'ils ne connaissent pas, en lui demandant quelque chose qu'ils ne lui rendront pas - un toit, de la nourriture, de l'eau, la paix - et donc de rester en dette envers des inconnus. Et ceux qui accueillent doivent prendre le risque de donner ce qu'ils n'ont peut-être pas en abondance, sans espoir d'y gagner quelque chose, mais avec le risque de faire entrer de potentiels ennemis chez eux. Prendre le risque de la confiance, c'est au coeur même de l'hospitalité, pour tous les protagonistes.
C'est à ce risque-là que Jésus convie ceux qui le suivent. Le risque de l'hospitalité. En leur donnant la possibilité, si cette hospitalité ne leur est pas accordée, de le constater, de le faire constater, de ne pas s'appesantir et de continuer la route.
Nos routes humaines ressemblent à ça. Nous sommes forcés de faire confiance, dès notre premier instant sur terre. Et parfois, nous sommes trahis. Parfois, ça manque de nous tuer, physiquement ou plus subtilement. Et pourtant, être en vie, c'est forcément faire le pari de la confiance.
Il reste à savoir comment nous vivons ce chemin. Porteurs de mots qui nous dépassent, pour annoncer autre chose que nous-mêmes ? Ou enfermés dans une coquille, bardés de notre fortune, de notre confort, avec tous les moyens modernes pour nous protéger de l'autre, et toujours infiniment méfiants ?
Et vous pouvez toujours soupirer en disant "si j'avais (assez) la foi, ce serait possible"... ce n'est pas vrai ! Le petit bout de verset qui précède le passage ci-dessus, c'est "Jésus s'étonnait de leur manque de foi". Et c'est pourtant précisément ceux-là qu'il envoie s'aventurer à la confiance...
Bible de Luther |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour laisser un commentaire