La main à la poche, ou la main à la pâte ?
une réflexion sur le sacerdoce universel
Il y a (au moins) deux façons de concevoir l'appartenance à un mouvement religieux. La première, c'est d'y chercher un bénéfice, quel qu'il soit : financier (mais c'est rare), social (un meilleur statut social, l'acceptation par les pairs), spirituel (avoir le sentiment d'être en règle avec un dieu qui tient les comptes). La deuxième, c'est de rechercher le compagnonage avec des gens qui ont entendu quelque chose qui, d'une façon ou d'une autre, les a mis en route.
Il y a aussi (au moins) deux implications à cela : d'un côté, penser qu'il faut investir quelque chose dans ce mouvement religieux : de l'argent, un sacrifice de ses relations personnelles, de ses idées propres, de ses choix humains, des sacrifices spirituels au nom d'une morale. D'un autre côté, penser qu'on va pouvoir vivre avec d'autres les implications de ce qui a été entendu.
La Réforme a été un moment de l'Histoire où des membres de l'Eglise ont affirmé qu'elle n'était pas là pour conforter les pires instincts humains qui consistent à rechercher un bénéfice pour soi-même en se soumettant à une institution et aux intérêts de ceux qui la représentent. Il s'agissait de penser autrement les choses, pour revenir à l'essentiel : à l'écoute en commun d'une parole venue d'ailleurs, qui dit que l'Eglise est une histoire de fraternité, où chacun a sa place, avec ses talents particuliers. On peut dire cela par métaphore ; Jésus en a utilisé (les sarments sur le cep de vigne, par exemple), l'apôtre Paul aussi. Dans la première lettre aux chrétiens de Corinthe (1 Co 12,12-30), par exemple, il parle de la communauté chrétienne comme d'un corps.
12En effet, prenons une comparaison : le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres ; mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps : il en est de même du Christ. 13Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit. 14Le corps, en effet, ne se compose pas d’un seul membre, mais de plusieurs. 15Si le pied disait : « Comme je ne suis pas une main, je ne fais pas partie du corps », cesserait-il pour autant d’appartenir au corps ? 16Si l’oreille disait : « Comme je ne suis pas un œil, je ne fais pas partie du corps », cesserait-elle pour autant d’appartenir au corps ? 17Si le corps entier était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ?
18Mais Dieu a disposé dans le corps chacun des membres, selon sa volonté. 19Si l’ensemble était un seul membre, où serait le corps ? 20Il y a donc plusieurs membres, mais un seul corps. 21L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi », ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » 22Bien plus, même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, 23et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. Moins ils sont décents, plus décemment nous les traitons : 24ceux qui sont décents n’ont pas besoin de ces égards. Mais Dieu a composé le corps en donnant plus d’honneur à ce qui en manque, 25afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient un commun souci les uns des autres.
26Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie. 27Or vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part.
18Mais Dieu a disposé dans le corps chacun des membres, selon sa volonté. 19Si l’ensemble était un seul membre, où serait le corps ? 20Il y a donc plusieurs membres, mais un seul corps. 21L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi », ni la tête dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous. » 22Bien plus, même les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont nécessaires, 23et ceux que nous tenons pour les moins honorables, c’est à eux que nous faisons le plus d’honneur. Moins ils sont décents, plus décemment nous les traitons : 24ceux qui sont décents n’ont pas besoin de ces égards. Mais Dieu a composé le corps en donnant plus d’honneur à ce qui en manque, 25afin qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient un commun souci les uns des autres.
26Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est glorifié, tous les membres partagent sa joie. 27Or vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part.
Personne ne peut prendre la tête : ce rôle est déjà pris, c'est celui du Christ. Personne ne peut, sans se mépriser lui-même, mépriser les autres. Personne ne peut légitimement dire que le corps n'a pas besoin de lui. Il y a une solidarité qui unit les membres de ce corps, pas parce qu'ils sont particulièrement aimables et capables de se comporter impeccablement, mais parce qu'ils ont été appelés à vivre ensemble et solidairement, chacun étant nécessaire.
Voir la communauté chrétienne ainsi, comme le fait Paul, c'est affirmer que chacun des membres de l'Eglise n'est pas là pour son pur bénéfice personnel, quitte à l'acheter en payant son écot pour ne rien devoir à personne, mais pour être avec les autres un corps vivant. C'est une métaphore bien sûr, qui permet de dire la vérité d'une expérience de l'Eglise, ce n'est pas un ordre qui consisterait à rechercher la fusion malsaine de gens qui refusent de se mêler au monde.
Comment sommes-nous une Eglise ensemble ? choisissons-nous de mettre la main à la poche pour ne pas nous engager personnellement, ou choisissons-nous d'être une main, un pied, une oreille... qui prend le risque de jouer son rôle dans ce corps vivant, tout entier à l'écoute d'une parole venue d'ailleurs ?
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