Tout semblait fini...
... et pourtant tout va commencer. « Il n’est pas là, il vous attend », entendront bientôt les disciples. Il vous attend, sur les routes de Galilée, sur les chemins déjà parcourus ensemble, à l’écho de sa voix, au souvenir de ses actes, dans le deuil et la tristesse. Il vous attend, là où vous l’avez déjà connu, mais où vous n’aviez pas encore compris. Il vous attend, porteurs de votre douleur, et pourtant toujours en vie. Un monde est bien fini : celui de la tranquillité, de la certitude, des souvenirs sereins. C’est un chemin qui s’ouvre, chemin exigeant et nouveau. Exigeant, parce qu’il n’y a rien de plus douloureux que de consentir à abandonner des certitudes. Au fond, nous préférons un corps mort, dans la certitude que tout est fini, plutôt qu’une absence qui nous force à risquer un pas sur un chemin nouveau.
Nous sommes convoqués par un Christ absent. La pierre va être roulée et cette nouvelle incroyable est parvenue jusqu’à nous : il n’est plus là. Il vous attend. Ce serait tellement plus simple de se recroqueviller sur l’absence, et pourtant ce n’est pas ce qui nous est confié. Il ne veut pas de nous attroupés autour du tombeau vide, il nous veut sur les routes. Il nous veut en chemin. Il nous veut prenant des décisions. Il nous veut plantant des pommiers…
On appelle ça l’espérance… Or, chose curieuse, pas une seule fois, dans aucun des quatre évangiles, Jésus ne prononce le mot « espérance », pas une seule fois il ne nous dit d’espérer.
Pour quelle raison ? Parce il ne s’agit pas d’espérer... en réalité, notre espérance s’est déjà réalisée. Avec Jésus, le Royaume de Dieu s’est déjà rendu proche. L’espérance, ce n’est pas un devoir, une obligation morale, un but à atteindre. Il s’agit plutôt de se laisser travailler par quelque chose qui s’appelle l’espérance… et qui nous vient d’ailleurs, qui nous est donnée. En un mot, l’espérance est ce qui vient nous ressusciter. Il serait absurde que Jésus nous ordonne « ressuscitez-vous ! » : il est évident que personne ne peut « se » ressusciter. Il est tout aussi absurde, au fond, de penser que nous pourrions, par nous-mêmes, espérer…
L’espérance reste et restera un combat mené pour nous, un cadeau, un travail de la grâce en nous, contre tout ce qui nous dit « à quoi bon ? » Le monde tel qu’il est, toujours sur le point de finir, et nos vies telles qu’elles sont, toujours encombrées de peurs et d’angoisses plus ou moins avouées, nous disent en permanence : « à quoi bon ? » Et c’est pourtant bien dans ce monde-là, dans nos vies telles qu’elles sont, que le Seigneur ressuscité nous envoie. Malgré ce « à quoi bon », une espérance nous est donnée.
C'est pour maintenant, c'est pour bientôt...
Albrecht Dürer |
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