samedi 3 février 2018

Accompagnement chastoral

- Mon chaton, j'ai un souci.
- Ah. Raconte.
- J'ai dit à un paroissien "Il faut que j'y réfléchisse, je vais en parler à mon chat", et il a cru que je me moquais de lui.
- Ah oui, évidemment...
- Toi au moins tu me comprends.
- Que veux-tu, il y a des gens qui ne comprennent pas les métaphores, c'est comme ça.
- Je ne suis pas certaine que ce soit à proprement parler une métaphore, mais soit.
- Tttttt, ne m'interromps pas, humaine ô si humaine, j'allais te parler de métaphores...
- Encore...
- ... et toi tu m'interromps.
- Hmmm...
- Tu te souviens, la fois où tu as commencé une étude biblique en faisant passer de main en main une photo du journal local, celle d'un joueur de tennis qui avait "survolé le tournoi" ?
- Vaguement.
- J'étais sur des genoux, et je m'en souviens très bien. Ils étaient particulièrement confortables.
- Tant mieux. Et alors, la photo, tu en as retenu quoi ?
- Que bien sûr, le joueur de tennis ne s'était pas envolé majestueusement pour prendre de la hauteur par rapport à la situation, mais que ça disait, de façon imagée, qu'il avait été plus fort que tous les autres, sans effort apparent. Et à la fin, il a gagné. Par contre, je me souviens aussi qu'une personne n'arrivait pas à comprendre ça et disait que les journaux publiaient vraiment n'importe quoi de nos jours. 
- Ah. Je ne m'en souviens pas.
- Si je veux être sympa, je dirai que c'est parce que tu es pasteur et que tu as pris la décision au début de ton ministère de toujours voir le meilleur chez les gens que tu croises. Bon, si je n'étais pas sympa...
- OK, OK, on verra ça une autre fois. On peut revenir à mon histoire du début, stoplé ?
- Quand tu as fait la bêtise de dire que tu parlais à ton chat ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise... tu peux lui expliquer que tu prends un traitement qui te fait avoir des hallucinations, mais ce serait un mensonge. Ou alors, tu peux demander un vote au conseil presbytéral pour une subvention pour que je sois officiellement assistant de paroisse, mais il risquerait plutôt de voter pour te demander poliment de déguerpir. Sinon, je sais pas, tu pourrais arrêter de parler à ton chat.
- Autant arrêter tout de suite de réfléchir, pendant qu'on y est.
- Et pourquoi tu tiens tant à réfléchir, au fait ?
- C'est mon dernier luxe. Je suis en arrêt maladie, ça n'en finit pas, je ne sais plus ce qu'il serait raisonnable d'espérer, et je me rassure comme je peux en agitant mes petites cellules grises quand elles acceptent de bouger.
- J'aurais assez tendance à croire que la question n'est pas d'avoir la foi ou non, mais à quoi on la consacre. 
- Pardon ?
- C'est pour t'aider. Je t'offre un sujet de réflexion. Tout gratuit rien que pour toi (mais un de ces jours, il faudra reparler de cette subvention pour l'assistant de paroisse).
- Mon chaton, tu m'embêtes.
- Franchement, je vois pas pourquoi.

Le Chat (l'autre)

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